La véritable confiance en soi nous demande de la maîtrise, mais aussi de savoir nous abandonner à ce qui nous échappe, à ce qui est plus grand que nous, et que nous nommons, faute de mieux : Cosmos, Dieu, Vie…
Prendre confiance en soi, c’est apprendre à se tenir tout contre le mystère de la vie, c’est savoir l’accueillir au point de se réchauffer à son contact.
Nous sommes loin des métaphores habituelles qu’affectionnent les coachs les moins inspirés. Chez eux, la métaphore dominante est informatique ou mécanique : il s’agit toujours de se reprogrammer, de trouver son mode d’emploi, son logiciel, quand ce n’est pas carrément la “combinaison du coffre-fort”.
Quiconque entreprend une recherche internet sur la confiance en soi tombe immédiatement sur de telles métaphores, entre “les sept techniques pour prendre confiance en soi” et “les trois clés de la confiance”. Au milieu de ces métaphores sont présentés des méthodes de pur autosuggestion, dans la droite ligne de la méthode Coué : “levez-vous chaque matin en vous disant que ça va mieux qu’hier”, “regardez-vous dans la glace au réveil en vous répétant que vous êtes génial”, “formuler à haute et distincte voix vos objectifs, etc.
Ces injonctions sont aussi bêtes que méchantes.
- Bêtes : elles constituent autant d’insultes à la complexité de l’esprit humain.
- Méchantes surtout : elles risquent de nous culpabiliser davantage lorsque nous souffrons d’anxiété.
Si je manque de confiance en moi et que l’on me répète qu’il est très simple de la regagner, qu’il suffit pour cela “de se reprogrammer en 7 jours” et “de se motiver chaque matin devant son miroir”, que vais-je éprouver en cas d’échec ? Ne vais-je pas me sentir encore plus responsable, encore plus fautif ?
Je suis frappé d’observer la violence de toutes ces injonctions, de voir combien elles manquent de tendresse.
Nos habitudes ne sont pas comme des métaux tordus qu’il suffirait de détordre avec une bonne motivation : nous ne sommes pas des machines. Nos raisonnements ne sont pas des programmes défectueux à réinitialiser : nous ne sommes pas des ordinateurs. Nous n’allons pas nous ouvrir à notre véritable talent simplement parce que nous nous répétons des choses positives en nous tenant droit devant notre miroir et en respirant profondément. Ce n’est pas en nous auto-persuadant ou en nous auto-manipulant que nous allons nous libérer de ce qu’il nous entrave.
Il n’y a pas de mode d’emploi pour une vie humaine : c’est d’ailleurs pourquoi nous sommes libres, capable d’inventer le sens de notre existence. Et même si notre vérité se trouvait au fond d’un coffre-fort, alors il faudrait plus qu’une combinaison pour la découvrir : il faudrait du temps et de l’attention, de la patience, de l’amour, et cette capacité précieuse de ne pas chercher à tout comprendre, de s’abandonner au mystère de la vie.
l’une des raisons de notre manque de confiance en nous et que la vie est difficile et incertaine. Ce n’est pas en la fuyant dans le fantasme d’une reprogrammation neuronale ou dans la recherche de notre mode d’emploi personnel que nous allons en avoir moins peur, mais en parvenant à vivre avec cette peur, à apprivoiser ce qui nous effraie.
La vie est à la hauteur de sa réputation quand elle ne correspond pas à nos attentes- en bien comme en mal. Si elle correspondait à nos attentes, elle ne serait pas la vie, mais un programme qui suit son cours : nous ne pourrions alors pas lui faire confiance.
Article inspiré du livre de Charles Pépin : La confiance en soi.